Pour la première fois dans son histoire, la commune de Courbevoie a célébré le 102 ème anniversaire du génocide des arméniens ce samedi 13 mai 2017 à 11h00 au cimetière des Fauvelles devant le monument aux morts avec la présence exceptionnelle de nombreuses personnalités.
1er plan :
De gauche à droite, Jean-Michel HU YANG, conseiller municipal de Courbevoie, Serge DESESMAISON, Adjoint au Maire de Courbevoie délégué à la Sécurité, à la prévention de la délinquance, aux anciens combattants et à la Mémoire de la Nation, Marie-Christine SARADJIAN, Conseillère municipale d’Asnières-sur-Seine, Jean-Jacques SARADJIAN représentant de l'Amicale Franco-Arménienne des Hauts-de-Seine section Courbevoie et président de Nouvel Hay, Marie-Pierre LIMOGE, première adjointe au Maire de Courbevoie déléguée à la Démocratie locale et ville numérique, Son Excellence Viguen TCHITETCHIAN, ambassadeur de République d’Arménie en France, Jacques KOSSOWSKI, Maire de Courbevoie, Jeanne d’HAUTESERRE, Maire de Paris 8ème, Eric CESARI, Adjoint au Maire de Courbevoie délégué au Développement territorial et solidaire, Aurélie TAQUILLAIN, Adjointe au Maire de Courbevoie déléguée à la Famille, à la petite enfance, à la vie associative et conseillère départementale des Hauts-de-Seine, Antoine BAGDIKIAN, président de l’Association Nationale des Anciens Combattants et Résistants Arméniens, Arthur SAINT-GABRIEL, conseiller municipal délégué à la gestion des dossiers militaires et aux cérémonies commémoratives des Anciens Combattants.
2ème plan :
De gauche à droite, Stéphane FICHANT, conseiller municipal délégué aux marchés aux comestibles et au garage municipal, Blandine POULIQUEN, conseillère municipale de Courbevoie et Guy RAYER, conseiller municipal délégué au commerce et à l’artisanat.
La cérémonie s'est parfaitement déroulée et a débuté par une marche vers le monument aux morts aux côtés de M. le Maire Jacques KOSSOWSKI. Les deux hymnes nationnaux ont retenti sur le sol courbevoisien avant de procéder au sept dépôts de gerbes dont M. Jacques KOSSOWSKI, Maire de Courbevoie, M. Patrick DEVEDJIAN, Président du département des Hauts-de-Seine, représenté par Mme Marie-Pierre LIMOGE, première adjointe de Courbevoie et vice-présidente du département des Hauts-de-Seine, Son Excellence Viguen TCHITETCHIAN, Ambassadeur d'Arménie en France, Mme Jeanne d’HAUTESERRE, Maire de Paris 8ème, M. Antoine BAGDIKIAN président de l’Association Nationale des Anciens Combattants et Résistants Arméniens, M. Manuel AESCHLIMANN, Maire d'Asnières-sur-Seine, représenté par Mme Marie-Christine SARADJIAN, conseillère municipale d'Asnières-sur-Seine et Mme Luciné HOVSEPIAN, Présidente de l'Amicale Franco-Arménienne des Hauts-de-Seine accompagnée de M. Jean-Jacques SARADJIAN, Représentant de l'Amicale Franco-Arménienne des Hauts-de-Seine section Courbevoie.
Trois allocutions par MM. Jacques KOSSOWSKI, Son Excellence Viguen TCHITETCHIAN et Antoine BAGDIKIAN ont rendu hommage aux 1,5 millions arméniens victimes du génocide de 1915 perpétré par le gouvernement turc de l’empire ottoman.
Dépôt de gerbe ci-dessus et allocution ci-dessous de M. Jacques KOSSOWSKI
La cérémonie s'est terminée par une magnifique chanson arménienne interprétée par notre amie Hasmik MARTIROSYAN permettant à son auditoire de mieux apprécier les chants arméniens.
Hasmik MARTIROSYAN durant la cérémonie
1er plan :
De gauche à droite, Jeanne d’HAUTESERRE, Maire de Paris 8ème, Jacques KOSSOWSKI, Maire de Courbevoie, Son Excellence Viguen TCHITETCHIAN, ambassadeur de République d’Arménie en France et Eric CESARI, Adjoint au Maire de Courbevoie délégué au Développement territorial et solidaire.
2ème plan :
Marie-Pierre LIMOGE, première adjointe au Maire de Courbevoie déléguée à la Démocratie locale et ville numérique, Jean-Jacques SARADJIAN représentant de l'Amicale Franco-Arménienne des Hauts-de-Seine section Courbevoie et président de Nouvel Hay, Serge DESESMAISON, Adjoint au Maire de Courbevoie délégué à la Sécurité, à la prévention de la délinquance, aux anciens combattants et à la Mémoire de la Nation, Antoine BAGDIKIAN, président de l’Association Nationale des Anciens Combattants et Résistants Arméniens.
Serge DESESMAISON, Adjoint au Maire de Courbevoie délégué à la Sécurité, à la prévention de la délinquance, aux anciens combattants et à la Mémoire de la Nation, Jean SPIRI, Adjoint au Maire de Courbevoie délégué à l'éducation, la jeunesse et aux relations avec l’enseignement supérieur, conseiller régionnal délégué à l'éducation et à la santé, Jeanne d’HAUTESERRE, Maire de Paris 8ème, Jean-Jacques SARADJIAN représentant de l'Amicale Franco-Arménienne des Hauts-de-Seine section Courbevoie et président de Nouvel Hay, Son Excellence Viguen TCHITETCHIAN, ambassadeur de République d’Arménie en France, Jacques KOSSOWSKI, Maire de Courbevoie, Marie-Pierre LIMOGE, première adjointe au Maire de Courbevoie déléguée à la Démocratie locale et ville numérique, Aurélie TAQUILLAIN, Adjointe au Maire de Courbevoie déléguée à la Famille, à la petite enfance, à la vie associative et conseillère départementale des Hauts-de-Seine, Marie-Christine SARADJIAN, Conseillère municipale d’Asnières-sur-Seine, Eric CESARI, Adjoint au Maire de Courbevoie délégué au Développement territorial et solidaire, Antoine BAGDIKIAN, président de l’Association Nationale des Anciens Combattants et Résistants Arméniens.
Allocution de M. Jacques KOSSOWSKI lors de la cérémonie :
Monsieur l’Ambassadeur de la République d’Arménie,
Messieurs les Présidents d’association d’anciens combattants,
Mesdames et Messieurs de l’amicale Franco-Arménienne,
Madame la Première Vice-Présidente du Conseil départemental, chère Marie-Pierre
Madame la Maire,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs,
C’est avec beaucoup d’émotion que je vous retrouve ce matin pour raviver le souvenir des centaines de milliers de personnes disparues lors du génocide arménien perpétré il y a maintenant 102 ans.
Au début des années 1900, le sultan Abdul HAMID, qui avait lui-même déjà ordonné plusieurs massacres d’Arméniens, est renversé un groupe de nationalistes, les Jeunes-Turcs. Ce moment d’histoire se trouve à l’origine de la construction de la Turquie telle que nous la connaissons.
Les excès du nationalisme aujourd’hui ravivés, entraînent des lectures biaisés de l’histoire et c’est pour cela qu’il est important de rappeler le martyr arménien.
Le parti Jeunes-Turcs, nationaliste je le disais, ne manque pas d’ambition.
Ses responsables entendent unifier tous les peuples turcophones à travers l’Eurasie, au sein d’une sorte d’espace vital. Cette sombre idée inspirera d’ailleurs la politique de l’Allemagne nazie, qui elle-même commettra l’irréparable envers la communauté juive d’Europe.
L’Arménie était un obstacle à ce projet d’expansion. Certains le nient encore, mais les historiens ont prouvé toute la perversion déployée par le nouveau pouvoir central pour parvenir à ses fins. Les prémices du génocide avaient même été perçues par la communauté internationale.
L’ambassadeur américain dans l’Empire ottoman, Henry MORGENTHAU, qui dans ses Mémoires, rapporte ainsi les propos tragiques tenus par le clergé arménien en hiver 1914 :
« Brûleraient-ils mêmes quelques-uns de nos villages, ne vous vengez pas, car la destruction d’un petit nombre de nos hameaux est préférable au meurtre de la nation entière. »
Le génocide débute réellement le 24 avril 1915. Ce jour-là, environ 250 intellectuels arméniens sont raflés par la police du régime : ils étaient des ecclésiastiques, des médecins, des éditeurs, des enseignants et même quelques députés… Le lendemain, on parle de 600 personnes. En quelques jours, ils seront plus de 2000 arrêtés, déportés et finalement tués.
En un peu plus d’an, ce n’est pas moins des deux-tiers de la population arménienne qui disparaît : que cela soit en déportation, par la famine, ou directement par assassinat. Le carnet personnel du ministre de l’Intérieur de l’époque, rendu public il y a douze ans, fait état de 1 600 000 morts.
S’il importe de rappeler ces chiffres si douloureux, c’est parce qu’ils permettent à tout le monde de mesurer l’ampleur du désastre humain.
Car les malheurs du peuple arménien semblaient alors bien lointains et demeuraient inintelligibles à une bonne partie de l’Europe.
Mais c’était bien la barbarie qui livrait combat contre l’esprit de justice et de liberté qui s’est.
Anatole France déclara en 1916 au sujet de l’Arménie : c’est « notre sœur d’Orient qui mourrait, celle qui prolongeait le génie latin, celle qui luttait pour conserver l’héritage intellectuel et moral de la Grèce et de la Rome antique.»
En France, des personnalités de toutes opinions politiques tentent alors de revendiquer le droit à l’humanité de tout un peuple : Anatole FRANCE donc, Jean JAURES évidemment, mais aussi Ernest LAVISSE, ou Georges CLEMENCEAU.
S’il serait fort exagéré de dire que notre pays s’est levé tout entier pour défendre l’Arménie, des Français se sont engagés spontanément, avec un courage qui force le respect.
Je voudrais ainsi évoquer en quelques mots l’épisode bien connu du mont Moïse, ou Musa Dagh, survenu à la fin de l’été 1915. Une partie de la Marine Nationale française croise alors près du golfe d’Iskenderun.
Depuis plusieurs jours quelques milliers d’Arméniens expropriés, puis poursuivis pour être déportés, sont réfugiés au sommet d’une montagne justement proche de la côte. Ils se battent et tentent de repousser les assauts des forces turques.
Le 5 septembre, le capitaine de frégate Jean-Joseph BRISSON, repère à la jumelle ces quelques milliers d’hommes et de femmes. Il établit le contact avec eux, constate leur manque de vivres et de munitions, et comprend l’urgence de la situation. Sans évacuation, ces gens sont promis à une mort certaine.
La chaîne de commandement s’enclenche : le capitaine en réfère à son supérieur, le vice-amiral DARTIGE DU FOURNET, commandant de la Jeanne d’Arc, qui lui-même demande des instructions à son état-major.
Les communications de l’époque sont plus difficiles qu’aujourd’hui. Faute de réponse de sa hiérarchie, l’officier prend alors seul la décision, et ordonne à ses hommes de procéder à l’évacuation des résistants.
Grâce à cet acte de bravoure, 4082 Arméniens seront sauvés et mis à l’abri à Port-Saïd, en Egypte. Quand les Etats sont impuissants, il ne reste aux hommes que leur courage. Et c’est bien cela qui en définitive, fédère l’humanité.
Cent ans plus tard, le monde a changé, mais le nationalisme et ses aspects les plus négatifs retrouvent de la vitalité dans de nombreuses régions du monde.
Si la Turquie n’a pas reconnu officiellement la commission de ce génocide, une partie de la communauté internationale l’a fait, et notamment la France à travers une loi votée en 2001.
Il faut nous faire un devoir de commémorer l’histoire du martyr arménien. Jacques CHIRAC a un jour très justement déclaré : « Les drames sans visage et sans image ont peine à atteindre la conscience collective. » Ce qui était vrai hier, l’est toujours aujourd’hui, malgré la multiplication des canaux d’information.
En définitive, seule la connaissance finira par éteindre l’obscurantisme. C’est la raison pour laquelle, je suis fier et ému que nous nous retrouvions pour honorer la mémoire de ces victimes, en cette matinée de printemps.
Je vous remercie.
Télécharger le discours de M. Jacques KOSSOWSKI au format PDF en cliquant ici ou sur le lien ci-dessous :
Jean-Jacques Saradjian en direct sur AYP FM après la cérémonie célébrant le 102ème anniversaire du génocide des arméniens.
Un grand Merci à Krikor Djirdjirian pour les photos qui nous ont permis de faire le reportage sur Nouvel Hay !
Page complète dans le Noyan Tapan du 19 mai 2017 au format PDF en cliquant ici ou sur le lien ci-dessous :
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